Boby Lapointe et Pézenas

Biographie composée à partir
des travaux de Sam Olivier

16 avril 1922
Naissance à Pézenas, au 22, cours Molière (aujourd’hui, cours Jean Jaurès) de Robert Jean-François Joseph Pascal, dit Boby.
1940/1942
Après son bac, il prépare à Montpellier les concours de l’Ecole Centrale puis de Sup-Aéro à Toulouse. Il n’a pas vingt ans quand il invente un système d’embrayage automatique mais ne dépose pas de brevet…
1942/1945
Il doit interrompre ses études pour les Chantiers de Jeunesse obligatoires puis, en 1943, est enrôlé de force au Service du Travail Obligatoire à Linz en Autriche. Sa deuxième tentative d’évasion est la bonne. Contrôlé, il prétend s’appeler Robert Foulcan. Il rentre à Pézenas à pied, s’y cache chez l’ami Dédé Lafois, puis se fait embaucher comme scaphandrier à La Ciotat.
1946/1951
En août 1946, il rencontre Colette Maclaud. Ils se marient le 10 décembre à Marseille. Ils s’installent à Pézenas où Boby travaille avec son père dans l’entreprise familiale (produits agricoles). Deux enfants naîtront, Ticha en 1948 et Jacky en 1950.
En 1951, Boby publie à compte d’auteur, sous le pseudonyme de b.bumbo « Les douze chants d’1 imbécile heureux », treize textes à chanter où l’on retrouve les premières versions de « Ta Katie t’a quitté » (« Etranges propos d’un réveil chromé »), « Le poisson Fa », « Sentimental Bourreau », « Insomnie » ou encore « Revanche ».

1952
Boby et Colette s’installent à Paris pour ouvrir un magasin de layettes, mais la boutique fait faillite. Il se reconvertit alors comme marchand d’antennes de télévision, vendeur de machines à écrire, fort des halles, représentant en café…

’’Dans la vie, j’ai eu des hauts
et des bas ; dans les hauts,
j’installais des antennes et,
dans les bas, j’étais scaphandrier.’’

Boby écrit de nombreuses chansons et recherche des interprètes. Les Frères Jacques, entre autres, déclinent sa proposition, un peu ef-frayés par la complexité de ses textes. C’est aussi à cette période qu’il écrit sa première et unique pièce de théâtre : Le Barbu du square ou 20 ans d’aléas (Drame social en vingt scènes et trois époques).
1954
Sa chanson « Aragon et Castille » est choisie pour être interprétée par Bourvil dans le film Poisson d’Avril. Le film ne rencontre pas le succès atten-du, mais Boby Lapointe est introduit dans le milieu parisien.
1959
En 1959, à 37 ans, il fait ses débuts en tant que chanteur dans un cabaret parisien de la rive gauche, Le Cheval d’Or, où il était venu chercher des interprètes pour ses chansons. Il y croise Anne Sylvestre, Raymond Devos, Ricet Barrier ou encore Georges Brassens.
16 mai 1960
Il fait sa première rencontre déter-minante en la personne de Philippe Weil (directeur artistique des disques Fontana, successeur de Vian) qui lui présente l’arrangeur Alain Goraguer. En 1960 ils enregistrent cinq titres : « Aragon et Castille », « Framboise », « Marcelle », « Insomnie » et « Le poisson Fa ».

25 novembre 1960
Sortie sur les écrans de Tirez sur le pianiste de François Truffaut, où il chante « Marcelle » et « Aragon et Castille ».

Le producteur Pierre Braunberger ne trouve pas la diction de Boby assez nette et demande à Truffaut de couper la scène ou de la
sous-titrer. Truffaut le prend au mot et fait ajouter des sous-titres, ce qui vaudra à Boby Lapointe son surnom officiel :
“Le chanteur sous-titré”.

De 1960 à 1972
Boby Lapointe enchaîne les spec-tacles dans les cabarets (Le port du Salut, L’échelle de Jacob, le Cheval d’Or, et même le Crazy Horse où il fait un numéro de strip-tease assez parti-culier Les strip-teasers croque morts), les galas, les tournées, les émissions de télévision…
28 mars 1968
Boby met un point final à son système bibi-binaire, écriture alpha numérique en base 16, reconnu et salué par les plus grands mathématiciens et les publications spécialisées.
Entre 1969/1971
Boby joue de nombreux rôles au cinéma. On le verra dans Max et les ferrailleurs, Les Choses de la Vie, Rendez-vous à Bray, La veuve Couderc, Les assassins de l’ordre, Chapagua…
De décembre 1971
à début janvier 1972
Boby, affaibli par un cancer qui le ronge, trouve la force de chanter tous les soirs à Bobino, en première partie de Pierre Perret. Il rentre se reposer à Pézenas. Il y meurt le 29 juin 1972. Il est enterré au cimetière de Pézenas le 2 juillet.
Et l’on a fait graver dessus sa tombe Il voulait jouer de l’hélicon
Pon pon pon pon.

Deux associations transmettent l’héritage de Boby Lapointe

Le Printival Boby Lapointe c’est une histoire de famille. Il a été créé en 2000 à Pézenas par Jacky Lapointe, le fils de Boby, et par Sam Olivier. Au départ c’était un festival d’humour et de chansons, qui est devenu un festival de chanson francophone et une fabrique artistique qui propose des actions culturelles et qui accompagne aussi les artistes. Depuis 2010, le festival est dirigé par Dany Lapointe, la fille de Jacky, et petite fille de Boby. Depuis plus de 20 ans, pendant 5 jours le Printival accueille en avril tout ce qui se chante de mieux dans la langue de Molière. Du plus poétique au plus vindicatif, du plus drôle au plus abscons, du plus rock au plus rap. Higelin, Areski et Anne Sylvestre s’y sont croisés. Moustaki et Pierre Barouh aussi. Les nouvelles générations aiment s’y retrouver. De Alexis HK à Giédré, de Chilla à Clara Ysé, de Boogaerts à Loizeau, de Wampas aux Picards entre autres Barback. Son livre d’or compte un abécédaire de la chanson francophone, presque exhaustif. Créer, inventer, chanter, partager, s’amuser dans une cité connue pour son goût du verbe et de la malice, c’est la recette du Printival.

Depuis trente ans, Eh ! Dis Boby, l’association des Amis de Boby Lapointe, se consacre à faire connaître et à faire vivre l’œuvre et l’univers de l’artiste à travers l’organisation d’événements culturels et l’A-Musée Boby Lapointe, exposition permanente située au cœur de Pézenas, sa ville natale.
S’il s’agit, bien sûr, de partager les créations et la vie de Boby Lapointe, d’en conserver et d’en transmettre le souvenir et l’actualité, l’A-Musée s’attache à mettre ses pas dans ceux de Boby, à cultiver un petit grain de fantaisie (youpi, youpi), à faire vivre son esprit décalé et farceur.